Tecktonik ou danseur electro ?
J’ai la chance de connaître un des pionnés de ce nouveau mouvement qu’est la tecktonik. C’est un mouvement qui apparue en France en 2002 et s’est essoufflé en 2008. Peu de temps après les jeune ont rejeté en masse ce mouvement pourtant très fédérateur et non violent. Que s’est-il passé ?
J’ai demandé à une ancienne connaissance de collège de me raconter l’histoire de ce mouvement. Cette personne est ou était une vedette du mouvement tecktonik, elle a réalisé plusieurs clip vidéo pour les artistes électro mais aussi plusieurs représentations ou compétitions de danse dans le monde comme la Suisse, les USA ou encore l’Australie.
- Salut Jey-Jey (allias Jérôme) peux–tu m’expliquer en quelque phrases ce mouvement ?
« Ce mouvement a été créé par deux personnes fans de musiques « jumpstyle et hardstyle » dont les principaux artistes et évènements étaient situé en Belgique et aux Pays-Bas. C’est en 2002 que les deux fans de musiques, Cyril et Alexandre Barouzdin, organisent les soirées Tecktonik Killer. Ils ont déposé les marques tecktonik killer et TCK car avec des designers et des commerciaux ils ont développé au maximum l’identité et la marque TCK. Tu te souviens de mon look dans le bus quand on allait en cours? Personne ne comprenait pourquoi j’avais cette coupe de cheveux et ce style vestimentaire pourtant je m’habillais comme ça bien avant le mouvement tektonik. »
- Oui je me rappelle mais c’était pas du tout connu à l’époque, il n’y avait que toi dans cet univers de mode et de musique. Tu étais un tecktonik avant l’heure ?
« J’étais pratiquement le seul effectivement mais ne confond pas ce mouvement de pré pubère tecktonik avec ce que je faisais depuis déjà pas mal d’années, danser en boite de nuit sur de la musique électro. Il y a une énorme différence. Nous avions un groupe de danseur professionnel et amateur dont on avait une légère renommé dans différentes boites de nuit. La tecktonik est arrivé après. Je me rappelle nos premiers pas de danse de l’époque c’était vraiment mal vu par les gens qui ne comprenaient pas mais regardaient quand même avec étonnement nos « battle de danse ». Petit à petit les artistes ont afflué dans ce nouveau type de son et certains artistes se sont fait connaître mondialement grâce à leur musique de type purement électro. Ils ont donc créé des musiques assez puissantes pour être envoyé en boite de nuit et avoir un rendu plutôt agressif avec des mélodies simples mais qui restent en tête. »
- D’où viennent ces mouvements de danse ?
« Ces mouvements ont été créés à partir de plusieurs styles de musiques très anciennes comme les danses de salon ou encore le disco et le funk. Mais ils ont surtout été adaptés aux rythmes de la musique électro c’est pourquoi les mouvements sont un peu différents et beaucoup plus saccadés et rapides. Parmi notre team de danseur, la plupart venait du hip-hop ou là aussi il y a une grande différence. Nous avons donc mixé ces genres de danses issues du hip-hop (break, Smurf, …) pour l’adapter là aussi sur la musique électronique. C’est un mix de tout chacun peut danser sa propre danse électronique, chacun produit et créé ses propres pas de danse. »
- Qu’est-ce qui marchait le mieux dans ce mouvement ?
« L’ambiance ! La folie des pas de danse, les batailles en groupe, ou en un contre un, de danse en plein milieu de la boite de nuit du Métropolis sur un gigantesque ring de boxe ! C’était du spectacle plus qu’autre choses ! La boite de nuit Métropolis était la première en France à proposer ces types de soirées. Tout était fait pour que cela marche! Le style vestimentaire, la population touchée (les jeunes en boite de nuit), le style de musique qui n’a pas été à son potentiel maximum, la danse révolutionnaire dont chacun avait sa recette et les évènements. Jamais je n’aurais imaginé être payé simplement par ma présence aux évènements! Etre payé pour danser dans des clips ou encore partir en Europe pour faire des shows de danse dans les plus grandes boite de nuit! J’ai été surpris de l’engouement général qui a touché la France entière. Il y a eu une multitude de produits dérivés avec des magasins spécialement conçus pour acheter les vêtements aux couleurs et logo de la marque tecktonik killer. »
- Pourquoi un mouvement de cette ampleur a pris fin de manière aussi radicale ?
« Ça a été trop médiatisé, je l’ai appris bien plus tard que la marque TCK a été repris et médiatisé par le groupe TF1. Ça devenait du grand n’importe quoi, les habitués du Métropolis ne venaient plus. Il y avait aussi de plus en plus de jeune vers la fin. La moyenne d’âge était de 16 ans alors que les boites de nuit sont censées être interdites aux mineurs! La marque Tecktonik proposait des soirées de plus en plus chères tout comme les produits dérivés. Il n’y avait plus que ce type de soirées qui accueillait une clientèle trop jeune. La fin du mouvement a été radicale le jour ou Métropolis à changer ses soirées et a refusée de payer un prix exorbitant simplement pour pouvoir exposé le nom Tecktonik sur les évènements. A partir de ce moment, début 2008, les adeptes de la danse ont arrêté définitivement. Un de mes amis danseurs électro a totalement arrêté le jour où son petit frère de 8 ans se proclamait Tecktonik. Imagine l’image que cela donne aux personnes de plus de 23 ans, être comparé à des tecktonik « killer » de 10 ans».
- Au final regrettes-tu ce mouvement ?
« Absolument pas, je suis vraiment déçue que les entreprise se soit penché sur ce mouvement. Elles ont exploité tous les moyens possibles pour ce faire un maximum d’argent. La tendance a été en vogue trop rapidement on a atteint l’apogée en seulement 3ans. D’autres types de sons et de danses comme le jumpstyle ou harstyle ont mis plus de 10ans à se faire connaître. Ces mouvements existent toujours aujourd’hui car ils ont été et resteront anti-commerciale. J’ai lu dans un article que sur les 10-22 ans un jeune sur cinq en 2007 a fait partie de ce mouvement. Je ne peux plus danser sur ce type de musique maintenant sans me faire « traiter » de tecktonik killer ! Je regrette de ne plus pouvoir danser sans jugement en boite de nuit sur ce type de musique mais j’ai eu la chance de voyager dans une douzaine de pays grâce à ça. »