Tribus urbaines

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ROOTS et HIPPIES

Après deux mois mouvementé dans la capitale Argentine, je rencontre Mathieu sur le marché de San Telmo. Il est assis par terre entrain de siroter son maté. Devant lui un tapis fais maison recouvert de nombreuses tasse a maté avec leurs pailles et des bijoux artisanaux (bracelets, colliers, etc). Je l’entends parler français et décide donc de lui parler en espagnol un certain temps avant de basculer en français pour en savoir un peu plus sur lui.

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 interview de Mathieu le français hippie/roots 

 

-          Salut Mathieu, comment vas-tu ? 

« Très bien et toi ? Je viens d’arriver à la capital aujourd’hui, un peu de civilisation ça fait pas de mal ! »

 

-          Pourquoi tu dis ça ?

«  Très franchement, j’aime plus beaucoup les grandes villes. C’est bruyant, sale et très cher ! J’y retourne une fois ou deux dans l’année afin de voir quelques amis et vendre mes produits mais je préfère de loin la Patagonie »

 

-          La Patagonie ! tu es là-bas en ce moment ? que fais-tu aussi loin?

« J’y habite depuis maintenant 4 ans. Je vis à quelques kilomètres du village « El Bolson » ou se tiens une des plus grandes communautés hippies. C’est vraiment un petit coin de paradis. Je fabrique pendant plusieurs mois ce que tu vois sur ce stand et puis je les vends. Le reste du temps je cultive un peu, j’organise des balades et treks pour les touristes. C’est avec un ami que l’on a développé ce projet de visite. Cela a de plus en plus de succès d’ailleurs, tu devrais venir, les paysages sont magnifiques. »

 

 

 

-          Carrément 4 ans ! Je peux stigmatiser et dire que tu es un hippie ?

« Non, j’aime pas trop ce terme, il est quelques peu péjoratif. Roots me définit mieux car je suis un joueur de djembé et j’écoute des sons plutôt reggae. Certes la plupart des gens de ce village ont un style de vie hippie, tout comme moi, mais on peut trouver de tout comme des rastas, bobos ou babas. C’est une ville avec une histoire très touchante, des légendes et des paysages à couper le souffle. 4 ans après je suis toujours aussi impressionné par la beauté de la nature. Les gens la respecte et vivent en harmonie.»

 

-          Tu faisais quoi avant ces 4 années ?

«  J’étais en formation d’architecte et je suis venu étudier en Argentine, comme toi surement. Mon année n’a pas été validé à cause de nombreuses absences. De plus, je n’étais pas fait pour ces études. »

 

-          Comment tu en es arrivé là ?

« J’ai rencontré un groupe de gens qui voyageait, j’ai décidé de les suivre, nous avons voyagé pratiquement une année. J’ai dépensé mes dernières économies dont mon budget pour rentrer en avion. J’ai rencontré une fille qui est devenue ma femme quelques temps après. Le lifestyle des gens que je rencontrais me plaisait de plus en plus. J’ai découvert un petit coin de paradis du nom d’El Bolson et je me suis installé avec elle. Je vis chichement mais je n’ai jamais été aussi heureux de ma vie et ce depuis 4 ans maintenant.» 

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-          C’est incroyable de changer de style de vie comme ça. Regrettes-tu des choses de ton ancienne vie?

« Quelques une, mais franchement pas autant que je le pensais au début. Mes amis de Grenoble me manquent un peu, tout comme ma famille. Mais en pesant le pour et le contre, c’est l’Argentine qui gagne. »

 

-          Par exemple le fromage ? moi je sais que seulement deux mois après être parti, le fromage me manque déjà. 

« Oui à moi aussi mais j’en ai oublié le goût. Mais on a du très bon « queso de cabresa casero» (fromage de chèvre maison) qu’un ami produit. On vit des choses simples et ça me va vraiment bien. Avec ma femme qui vient de Colombie, on prévoit d’aller en France. J’aimerais lui faire découvrir notre culture. Je ne sais pas si on restera mais ce qui est sûr c’est que l’on économise depuis maintenant 2 ans et nous sommes absolument pas pressé par le temps. »

 

-          Comment se passe la vie en communauté avec les « hippies » ?  

« Nous sommes tous amis, frères et très soudés. C’est comme une énorme collectivité un peu comme les mormons mais en moins « con ». Si quelqu’un a un problème il reçoit de l’aide de tout le monde. Nous étions plus de 200 personnes 2 ans auparavant. Un de nos leaders, un chaman, a réussi à créer une petite ville pratiquement autonome. Des gens pour nous soigner avec des herbes, d’autres cultivait la terre ou bien l’élevage, certains vivent du tourisme comme moi. Mais je n’ai vu aucune violence depuis que je suis ici. Enfin c’est arrivé une seule fois, mais c’étaient des touristes entre eux qui avaient trop bu. Nous sommes ouverts aux autres, avec une philosophie complètement différente de la société occidentale. »

 

-          Quels sont vos code, vos valeurs ?

« Je n’aime pas le mot code car c’est une chose imposé par la société actuelle qui codifie et norme tout. Donc on n’a pas vraiment de code. Mais nous avons des valeurs communes comme le partage, l’entraide, un rapport que je trouve très saint avec la nature, le respect de soi-même et des autres pour n’en citer que quelque uns. Le seul code de conduite que nous avons c’est de ne pas fonctionner comme une personne lambda qui consomme tous les produits imposé par la société. » 



19/10/2014
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