Tribus urbaines

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Idriss, une punk à chien.

J’ai pu discuter un peu avec Idriss 21 ans qui vit dans la rue depuis plus de 2 ans maintenant avec son chien « Plutô ». Grâce à un ami en commun j’ai pu faire la rencontre de cette tribu très mal vu par la société et pour cause selon les reportages ils ont un penchant pour l’alcool et certaines drogues durs. Ils sont étiquetés comme des junkies. Ils ont un langage vulgaire et rejette complètement la société.

 

-          Salut Idriss comment tu vas ?

« Ba écoute, franchement bien ! Il fait beau le soleil tape ! Tout va bien. »

 

-          Qu’est-ce que tu as prévu de faire aujourd’hui ?

«   Laver mon chien dans cette fontaine parce qu’il a des puces. Enfin je crois et ça doit faire depuis un mois que je ne l’ai pas lavé. »

 

-          Pourquoi tous les gens que je vois qui ont le même look que toi et ont des chiens ?

« C’est notre famille ! Mon chien c’est mon enfant. Notre look c’est comme on veut et comme on peut. Franchement « Plutô » est très capricieux mais il m’aide tous les jours. Pour faire la manche il prend son petit air malheureux et ça marche bien. Quand je dors je suis très contente d’avoir quelques choses de chaud qui se colle à moi. Il se réveille au moindre mouvement suspect et me protège la nuit. C’est un ami fidèle, une sécurité, et il est surtout plus heureux avec moi que là où il était. »

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-          Il était ou avant ?

« Il était enfermé dans un petit local, là où j’habitais avant. Ce connard de voisin le maltraitait et le frappait tous les jours ! J’étais la seule en qui il ait pu avoir confiance ! Ce pauvre boite un peu depuis la fois où cette ivrogne de voisin l’a frappé sans retenu. Donc un soir j’en ai eu marre de ma vie et le chien aussi donc on s’est enfuit tous les deux. Depuis il est vachement plus heureux comme tu peux le voir. »

 

-          Pourquoi tu t’es enfuit de chez toi, si je peux me permettre de te poser cette question ?

« C’était pas très joyeux chez moi et à l’école plein de problème donc j’ai décidé de partir deux semaines après avoir rencontré Olivier. Il est vagabond et avec tous ces amis réunit un soir ou j’allais vraiment pas bien, bah il m’a écouté et m’a donné de bon conseil. Ils étaient une dizaine réunis ce soir et je m’en rappelle très bien chacun a raconté sa vie d’avant qui n’étais vraiment pas rose.  Puis ils m’ont  raconté depuis, tout ce qu’ils ont fait et j’étais émerveillé de tous les endroits qu’a visités le groupe. »

 

-          Ils sont allé ou ?

« Ils sont allé dans de super endroit en Ardèche, faire des vendanges  en Alsace, Aquitaine, Franche-Comté, Bourgogne mais aussi dans le Sud enfin partout quoi. Des festivals comme celui d’Avignon ou encore le festival d’Aurillac sur les arts de la rue. J’ai visité que trois autres villes en tout et pour tout dans ma vie. Mais depuis que je voyage avec eux j’ai pu visiter plein d’endroit magnifique ! »

 

-          Mais ce n’est pas difficile de voyager sans un sous en poche ? D’ailleurs tu vie au jour le jour ce n’est pas dur comme style de vie ?

« Pas du tout au contraire ! Je me sens tellement mieux depuis. Je suis libre de faire ce que je veux et je visite énormément d’endroit! Comme le disait Olivier, on n’a plus aucune attache avec cette société de consommation, la seule chose qui me reste c’est mon téléphone portable et encore il n’est pas chargé tout le temps. La société nous bâillonne, je ne suis pas faite pour le métro, boulot, dodo. Non seulement je suis contente d’être comme je suis mais aussi j’ai beaucoup plus d’amis ! On est une grande famille de vagabond souvent ils m’ont sorti de la merde. Je ne m’en sors pas trop mal en faisant la manche. Parfois en une journée je peux me faire 15€. Le fait d’avoir un chien tout mignon m’aide aussi beaucoup donc je le nourris en premier. C’est comme mon enfant. Le fait de n’avoir aucun sous me permet « d’enculer » le système, une amende de la RATP, je rigole et la jette. Je prends parfois le TGV sans ticket, je sais ou me cacher et si jamais les contrôleurs me trouve, je descends de train et prend le suivant, je dois avoir au minimum 1500€ d’amende mais j’ai plus de domicile et donne souvent un faux nom.»

 

-          Tu as dit une grande famille, c’est-à-dire ?

« Bah, il y a le « padre », lui on l’écoute quand il parle ! Il connait énormément d’endroit pour dormir se restaurer et surtout pour se laver. Il m’a appris beaucoup de chose car c’est différent quand on vie dans la rue. A Paris, cela devient vite dangereux toute seule la nuit. Donc je trouve toujours des amis avec qui partageait la nuit. On n’a pas grand-chose donc on partage tout ! Je suis plus du tout une égoïste comme avant. On est soudé, on s’entraide. »

 

-          As-tu des projets ?

« Oui bien sûr on refait le monde avec mes amis donc du coup j’ai plusieurs projets mais bon la moitié de ne se fait jamais. J’aimerais aller vivre en Ardèche, il fait beau et j’ai deux amis qui n’en sont jamais revenu donc à mon avis on vie bien là-bas. »

 

-          Quel est la meilleure chose qui t’es arrivé cette année ?

« Je suis allé à Clermont Ferrand deux mois et j’ai rencontré trois personnes qui tout comme moi rêve de voyager. Ils m’ont demandé si je voulais partir avec eux et j’ai dit oui ! Ils ont acheté un énorme van. On peut tous dormir dedans. Ils ont prévu de visiter toute l’Europe. C’est un projet fou mais deux d’entre eux connaissent une multitude de différents lieux où ils peuvent travailler comme le « woofing » ou des travaux de construction ou bien d’autres missions saisonnières. Ils ont pu voyager un an grâce au « woofing » dans plus de 6 pays l’année dernière.»

 

-          Quand est-il du regard des gens ?

« Le regard qu’on les gens de moi est très souvent mauvais. Parfois certains ont de la pitié mais c’est souvent pour mon chien qu’ils ont de la pitié. Au tout début j’étais mal à l’aise quand au regard des gens, mais maintenant je m’en fiche pas mal. Je les regarde avec la même insistance quand ils ont un regard dur ou mauvais envers moi. C’est d’eux que j’ai pitié ! Ils sont tellement incorporé dans la société de consommation qu’il ne se rende plus compte des valeurs humaine, ils suivent le mouvement comme des moutons »

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-          J’ai entendu dire que le genre de vie que tu mènes peut t’amener à un risque de clochardisation, as-tu peur de ce risque ?

« Oui, bien sûr, comme tous ceux qui vivent dans la rue. Mais je ne suis pas une SDF. Il y a une différence énorme, j’ai choisi ce style de vie alors que les SDF eux non pas eux le choix, du moins ils l’ont plus. Et puis je ne suis pas seul, j’ai mon ancienne famille si jamais je veux rentrer, mais je préfère ma nouvelle famille. »

 

-          Tes amis ne te manquent pas ? et la vie que tu menais avant ?

« Si, les quelques amis que j’avais à l’époque. Je vois toujours ma meilleure amie, mais on a de plus en plus de différence et l’écart se creuse entre elle et moi. Ça me chagrine beaucoup mais c’est comme ça. De temps en temps je regrette le confort que j’avais avant, surtout les jours de pluie. Mais ça passe très vite »

 

-          Si c’était à refaire, tu choisirais la vie dure qu’impose la société ?

« Je n’hésiterais pas une seule seconde, je prends mon chien, un sac de fringue et je pars à l’aventure ! »



19/10/2014
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