Tribus urbaines

Tribus urbaines

Evolution des tribus?

A cause d’une société fortement individualisé, les tribus naissent pour se différencier des autres. Ils souhaitent vivre en marge de la société et ont leur propre culture. Cette différenciation s’établit souvent par leurs styles vestimentaires. Ils aiment naviguer de manière à contre-courant dans une société fortement soumise à une compétitivité difficile. La nécessité récurrente de certaines personnes est de se marginaliser par des goûts et un look différents. Cela conduit donc ces individus à se rassembler autour d'un groupe restreint souvent une tribu appelée par les experts : "néotribal".

 

Les tribus urbaines sont un phénomène du XXe siècle. Malgré le fait que l’homme a toujours eu cette nécessité de s’établir dans des groupes ou des clans. Le fait d’appartenir à une tribu suppose d’être en accord avec une idéologie, un style de vie et bien évidemment un style vestimentaire. Toutes ces tribus ont un point commun qui est de vivre de manière marginale. Cela traduit le désaccord profond avec la société qui se globalise de plus en plus et donne naissance à une individualisation parfois néfaste à l’homme. Le collectif est donc plus fort que l’individuel. J’ai pu le constater a mainte reprise que « Ce qui est collectif est évalué au-dessus de ce qui est individuel, de sorte que la personnalité soit acquise comme un ensemble ». Prenons l’exemple des rockers dans les années 50. Leur image leur était propre avec le blouson noir en cuir, le rock & roll et leurs motos. Beaucoup d’entreprise avide de cet esprit communautaire qui rassemble les gens y ont vu un moyen de s’enrichir. La marque Harley Davidson, a en effet compris ce phénomène et joue principalement sur l’effet communautaire donc identitaire de la marque.

 

 

Toutefois, au jour d’aujourd’hui les tribus urbaines semblent évoluer sans s’en rendre compte, vers une esthétique dictée par la mode. Ils sont donc exactement dans le courant opposé à leurs idées. La prétention principale est la différenciation du reste du monde, toutefois, dans cette tentative d’être différent, ils retombent paradoxalement dans l’égalité collective. Exemple avec les hipsters dont le phénomène de mode est allé directement dans le sens opposé de leur prétention antérieure. 


La jeunesse est l’une des étapes de la vie la plus conflictuelle. Car au niveau social, l’adolescent fait une transition entre l’enfance et l’âge adulte. Cependant pour forger sa personnalité, l’adolescent rebelle avait le choix entre plusieurs tribus comme punk, teuffeur, altermondialiste, gothique, écolo, métal, bobo, rappeur et j’en passe. Chacune de ces tribus pouvait fournir un style vestimentaire particulier, des congénères facilement reconnaissables, des références artistiques notamment en musique mais aussi une vision de la société avec un positionnement politique. Tout cela permettait au jeune de se forger une personnalité via un groupe.

 

Malheureusement, le choix de sa tribu est devenu difficile de nos jours. Il est possible de croiser des personnes qui au premier abord paraissent des skaters ou gothiques, mais leur vision de l’économie ou de la politique n’est plus du tout en rapport avec les idées et valeurs défendu par l’idéologie de la tribu auquel ils font partis. Selon Gerald Le Meur, 47 ans, directeur de l’agence Zenithmedia à Genève: «On s’aperçoit depuis quelques années que les frontières se brouillent: les gens ne se comportent plus de manière homogène par rapport à leur milieu».  Car aujourd’hui, les tribus ont les mêmes attributs. Le dessinateur Cabu se plaint car il ne sait plus comment caricaturer ses fameux beaufs, dans Le Nouvel Obs. :«Riches, pauvres: tout le monde est en jeans. Il y a une banalisation des accessoires qui, autrefois, différenciaient les classes sociales.»

 

Selon certaines personnalités de la mode, les codes vestimentaires ont été mélangés l’économie vestimentaire s’est globalisé cela est devenu : «le grand supermarché des styles ». Le vintage se mélange avec le luxe, tout se combine. Valérie Fournier, auteur du livre des nouvelles tribus urbaines, déclare  «Les accessoires originaux qu’il fallait aller dénicher à Londres sont maintenant vendus par les grandes chaînes et ne veulent plus rien dire. L’économie globalisée a tout récupéré.» Effectivement, tous les chasseurs de mode et de tendance se sont penchés sur la manne potentielle économique que représentent les tribus. Il est possible aujourd’hui de trouver les ceintures à pico destiné au style vestimentaire des punks dans la boutique H&M, ainsi que des vêtements a tendance gothique ou émo dans des magasins de style skater. Il est aussi possible de s’habiller de manière très chic et peu chère avec les produits de l’enseigne Zara. 

 

Cette globalisation peut être une bonne chose, cela encourage la mixité et la découverte de nouveaux horizons. Cette globalisation évite certes la marginalisation d’une partie de la population. Cependant cela entraine la disparition de repère structurant pour les jeunes.

 

L’effacement de ces barrières idéologique est nettement visible dans le domaine de la musique. Avant il y avait des limites bien précises ou chaque tribu écoutait le style de musique qui lui était propre. Mais maintenant, notamment grâce aux téléchargements en ligne gratuit (peer to peer), on assiste à un phénomène de globalisation des gouts musicaux. Un amateur de musique électronique peut être aussi attiré par des musiques de type ragga-dancehall. Un punk n’écoute plus désormais uniquement du rock.  Le téléchargement illimité a cassé les codes musicaux. Il est maintenant possible d’entendre plusieurs musiques de différents types à différentes soirées. Certains Dj ont par ailleurs développé cette mixité grâce au « mashup » dont le but est d’assembler deux musiques de types différentes.

 

« Humberto Lopes, 32 ans, éducateur de rue à Genève, a remarqué que les adolescents en marge ne savent plus à quel groupement se vouer. Ils se réunissent en « microtribus » temporaires, dont ils changent comme de look.»

 

L’esprit de tribus va petit à petit disparaître pour laisser la place à un mix personnel choisit par les individus. Ils élisent donc leurs centres d’intérêts et se consacrent à une ou plusieurs activités. On assiste désormais à un phénomène d’appartenances multiples. Les jeunes ont plusieurs cercles d’amis que ça soit à l’école, aux sports ou dans leur voisinage.  Comme le dit Pierre Grosjean : « La division de la société en cellules hermétiques a volé en éclats. Les réflexes claniques ont cédé la place au pragmatisme et aux appartenances multiples. » Les tribus ne sont plus sectaires et ont tendance à se globaliser elles aussi. 



19/10/2014
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